Ito Morabito plus connu sous son nom d’artiste Ora Ito voit le jour à Marseille en 1977 ; il est issu d’une lignée de designer puisque son père est le célèbre Pascal Morabito, joaillier vivant aujourd’hui à Bali et que son oncle est l’architecte reconnu Yves Bayard. C’est donc tout naturellement qu’il commence un cursus dans une école de design mais il arrête de manière prématurée.
En 1998, il crée le studio Ora Ito et commence en 1999 son « piratage » des grandes marques en les détournant au gré de sa fantaisie.
C’est en cette fin des années 90 que sa carrière décolle réellement lorsqu’il a la brillante idée de proposer aux marques de luxe des objets n’ayant pas été inventés ; de son imagination nait par exemple le sac à dos Vuitton en 1999, lors du projet « back up Vuitton » ; certains de ses desseins ne verront jamais le jour comme la mallette d’ordinateur portable Apple.
Le pari était plutôt osé puisqu’il aurait pu crouler sous les procès pour contrefaçon mais son talent, son humour et ses créations à la fois élégantes et avant-gardistes lui valent l’admiration de ses pairs et le milieu très fermé du luxe salue bientôt son inventivité et rêve de travailler avec lui.
Au départ, il agace un peu la profession qui le juge trop branché et sûr de lui et ce génie au look d’adolescent dont les modèles sont Warhol ou Starck, qui le surnomme affectueusement « fiston », finit par perdre confiance en lui, trop médiatisé mais n’ayant pas accès à la production ; il refuse alors certains projets afin de garder un pied dans le « monde réel »
L’année 2002 est celle de sa consécration puisqu’il obtient l’oscar du meilleur packaging, lors de la cérémonie des Oscars du design, pour sa fameuse bouteille de bière Heineken, en aluminium et qu’il devient légitime en collaborant avec Cappellini pour l’édition de sa légendaire chaise longue Petal.
Suivant ses convictions, il s’illustre alors dans des projets de grande envergure puisqu’il est le créateur du design d’intérieur du club-restaurant « Le cabaret », place du Palais Royal dans le 1er arrondissement à Paris, qui augmente grâce à lui sa fréquentation de 100% et de l’identité visuelle de la très controversée chaîne de télévision Pink.
Il mélange son style à celui de ses clients, ce qui est incontestable dans l’espace qu’il a crée en 2005 pour Toyota, avenue des champs Elysées, dans le 8ème arrondissement, à Paris.
On peut résumer son art à ce qu’il appelle lui-même la « simpléxité, c’est-à-dire un subtil mélange de simplicité et de complexité, il veut ses objets à la fois beaux et fonctionnels, avec un esprit pratique et toujours tourné vers le futur. La lampe fluo Everywhere ou encore la bouteille d’eau Ogo en sont de parfaites illustrations.
Puisque l’heure est au gain de place, à la fonctionnalité et aux intérieurs inédits, il faudra compter encore longtemps sur celui qui se veut créateur plutôt que designer.
Charlotte Canfora